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August 23, 2023

Les règles d'accessibilité numérique à respecter sur vos supports digitaux

Et si l’accessibilité numérique ne se résumait pas au contournement des limitations de chacun ? Et si l’on pensait en termes de capacités, plutôt que d’incapacités pour parvenir à un idéal d’inclusivité sur le web ? Handicap physique ou mental, temporaire ou permanent, mais aussi précarité numérique ou illectronisme sont bien plus que des défis à relever ou des manques à pallier. Ils proposent une vision enrichie de l’usager d’outils digitaux, qui mène à une meilleure expérience pour tous ceux qui disposent d’écrans et veulent être connectés. Et ce qui est bon pour LA société est bon pour MA société. Pourquoi ? Parce que l’audience en est significativement élargie, et on parle bien ici de millions de personnes qu’il reste à accueillir dans l’espace virtuel. En collaboration avec l’AFNOR, Ferpection a contribué à l’élaboration d’un guide des bonnes pratiques pour l’inclusion numérique. Ce sujet nous tient à cœur, alors voici les règles d'accessibilité numérique essentielles pour rendre ses services accessibles à tous.

Accessibilité numérique, un service inclusif en faveur des usagers

Lorsqu'on parle d'accessibilité, on pense prioritairement aux personnes en situation de handicap. Et, effectivement, elles constituent le public prioritaire. Toutefois, ce ne sont pas les seules personnes à être visées. Celles souffrant d'illectronisme ou de précarité numérique sont également concernées.  

Définition de l’accessibilité numérique

Être accessible d’un point de vue technologique, c’est répondre aux normes dictées par la législation qui prône l’égalité des droits et des chances. Cela commande aux acteurs d’Internet, de la téléphonie et de la télévision de proposer des moyens alternatifs de bénéficier de leurs services pour tous ceux qui seraient empêchés d’emprunter une voie classique pour ce faire. Ce serait par exemple la mise en place de commandes vocales sur téléphone, tablette ou ordinateur pour une personne dans l’incapacité d’utiliser ses mains pour quelque raison que ce soit : handicap moteur, charge à porter, distance trop éloignée de l’appareil. Ce pourrait être aussi l’audiodescription de films à la TV pour un individu aveugle ou malvoyant, temporairement ou définitivement. En résumé : l’accessibilité résout surtout des problèmes d’inaccessibilité.

L’inclusivité dans le secteur du digital 

L’inclusion numérique va plus loin que l’accessibilité. Il s’agit surtout de n’exclure personne. Elle requiert la prise en compte, dès le début du projet, de tous les cas de figure existants. Dans le cadre de l’UX research, cela impliquerait par exemple d'accueillir, dans un panel de bêta-testeurs, des représentants de tous âges, tous genres, tous horizons et de toutes conditions physiques. Il s’agit davantage de concevoir un service de sorte qu’il soit à la portée de tous, plutôt que de le façonner d’abord pour un profil d’utilisateur standard et de l’adapter dans un deuxième temps à une population minoritaire. On se base alors sur toutes les capacités disponibles d’un usager pour qu’il puisse se servir des ressources utiles à sa convenance. Ainsi, l’interface d’un site web pourra offrir différents réglages de taille, de contraste, de couleurs, de luminosité, donner des indications sonores ou prendre en compte des instructions vocales. Il pourra être consulté dans une version allégée ou hors ligne pour les zones mal couvertes par des connexions aléatoires, voire inexistantes comme dans le cas des déserts numériques. C’est en étant pluridimensionnel et versatile qu’un service devient réellement incluant, voire innovant.

Un chiffre : 1 internaute sur 3 rencontre des difficultés à utiliser internet de manière autonome, faute d’interfaces adaptées à leurs besoins.

Source : Facil’iti

L'usager, un consommateur de services digitaux

Dans le même souci de pousser la réflexion, la différence entre utilisateur et usager doit être prise en compte, ce dont le terme anglais “user” peut se passer puisqu’il regroupe les deux sens. L’utilisateur manipule les outils qu’on lui propose. L’usager est un consommateur de service digital. Cela implique une expérience plus complète et une vision d’autant plus globale de l’interaction entre une personne et des fonctionnalités qui lui sont utiles.

Loi accessibilité numérique : la législation au service du handicap

Que ce soit en France ou partout dans le monde, de nombreuses mesures législatives ont été promulguées pour défendre les droits des personnes en situation de handicap.

Americans with disabilities act

En 1980, la loi ADA (Americans with Disabilities Act) a été promulguée aux États-Unis. Elle protège les Américains contre les discriminations basées sur le handicap. Cette loi a inspiré de nombreux autres pays, dont la France qui a fait de l’accessibilité une obligation légale. La législation a évolué selon divers mouvements nationaux et internationaux.

La loi handicap 2005

En 2005, la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, dite “loi handicap”, contraint, entre autres, les services publics à rendre tout type d’information accessible à quiconque présenterait une déficience.

La Convention relative aux droits des personnes handicapées

En 2006, la convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) exige un effort des états membres pour un accès égalitaire aux systèmes et technologies de l’information et de la communication.

Le Référentiel Général d’Accessibilité pour les Administrations (RGAA)

En 2009, le RGAA (Référentiel Général d’Accessibilité pour les Administrations) est créé et prévoit des sanctions en cas de manquement à ses préconisations.

The European Disability Strategy

En 2010, l’UE (Union Européenne) lance la European Disability Strategy, c'est-à-dire la stratégie en faveur des droits des personnes handicapées.

La loi pour une République numérique

En 2016, la loi pour une République numérique oblige les administrations à rendre publique leur conformité aux règles d’accessibilité.

Le décret n° 2019-768

En 2019, le décret n° 2019-768 enjoint les entreprises privées françaises de plus de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires à fournir des outils d’accessibilité et des contenus web adaptés. Une déclaration de conformité devient obligatoire.

Le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA)

La même année, le RGAA est publié dans sa 4e version et change de nom pour devenir le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité. Il ne concerne donc plus seulement les administrations et intègre :


  • la norme WCAG (Web Content Accessibility Guidelines) du W3C (World Wide Web Consortium) pour une standardisation du web ;
  • la norme européenne TIC (Accessibility Requirements for ICT products and services), qui liste les critères d’accessibilité des produits et services numériques.

Les autres normes d’accessibilité numérique


Il existe aussi d’autres normes d’accessibilité qui font référence comme AccessiWeb, Opquast ou encore le guide des bonnes pratiques pour l’inclusion numérique de l’AFNOR, cité au début de cet article et élaboré avec la participation de Ferpection.

Et si on parlait d’UX for Good ? Dans la vidéo ci-dessous, Thibault Geenen, CEO et votre humble serviteur Mathieu Lombard expliquent l'intérêt d'allier la recherche de performance UX avec l’écologie, l’inclusivité et l’éthique.



Les règles d'accessibilité numérique indispensables à vos outils digitaux

Vous l'aurez compris, lancer des démarches pour rendre ses supports numériques accessibles est primordial pour favoriser l'inclusion des personnes souffrant de handicap. Voici quelques précisions sur la manière de rendre vos outils digitaux accessibles.

Les 4 principes fondamentaux de l’accessibilité numérique

Selon le WCAG, pour rendre plus accessible un service en ligne, il doit être :

  • Perceptible par les sens, principalement la vue, l’ouïe et le toucher. Il faut toutefois veiller à ne pas concevoir de contenu susceptible de favoriser une crise d’épilepsie.
  • Utilisable. Les éléments interactifs et d’orientation sont fonctionnels avec succès. L'utilisateur dispose de suffisamment de temps pour lire et utiliser le contenu.
  • Compréhensible. L’interface vise à faciliter la navigation, rendant l’apprentissage intuitif et minimisant le risque d’erreur de saisie.
  • Robuste, solide. Le concept est fait pour fonctionner avec les technologies appropriées, et est compatible avec les utilisations actuelles et futures.


Pour aller plus loin, l’inclusion numérique doit faire en sorte que chacun puisse participer à la société en disposant de moyens pour utiliser pleinement les outils digitaux, quels que soient sa situation et le domaine de sa vie qui le nécessite. Ces moyens concernent la connexion, le matériel, la technologie, les finances, la formation, etc.

Un produit ou un service est donc inclusif dès lors qu'il est conçu, produit, mais également maintenu, en prenant en compte les besoins d’accessibilité, de confort d’utilisation et d’inclusion de toutes les personnes qui souhaitent en faire usage. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire notre focus sur l’ergonomie d’une application mobile.

Les règles d’accessibilité numérique pour non voyants

Plusieurs bonnes pratiques sont à mettre en place pour rendre les contenus digitaux accessibles aux personnes atteintes de déficience visuelle. Parmi elles :

 

  • Choisir des polices lisibles. Les polices Arial et Verdana avec une taille minimale de 12 sont idéales.
  • Veiller aux contrastes des couleurs. La couleur de la police doit être beaucoup plus claire ou foncée que la couleur du fond. L’idéal étant le noir et le blanc.
  • Utiliser systématiquement l'attribut Alt, ou alternative textuelle, pour rendre les visuels (photos, images, diagrammes, graphiques, etc.) accessibles aux personnes malvoyantes.
  • Donner des intitulés explicites à vos ancres de liens. L’internaute doit savoir à l’avance ce qu’il découvrira en cliquant sur le lien.
  • Avoir recours à des tableaux uniquement lorsque c’est indispensable. Pour agencer un texte en colonne, utiliser simplement la fonction « colonne » du traitement de textes.
  • Structurer au maximum vos textes. Hiérarchiser l’information en utilisant chaque niveau : titre, sous-titre, listes à puces… Insérer un sommaire lorsque cela est pertinent.
  • Fournir la version Word de vos ressources téléchargeables. Elles sont plus accessibles et vérifiables que le format PDF.

 

Ces recommandations, spécifiques aux personnes aveugles et malvoyantes, peuvent également s’appliquer à un public plus large.

Règles d'accessibilité numérique : des exemples pour une ouverture à tous les publics

D’autres préconisations peuvent être faites pour améliorer l’accessibilité des supports numériques. En voici quelques unes :

  • Optimiser le bouton d’appel à l’action. Il doit être bien visible grâce à une couleur flashy aux contrastes marqués. Plus il est gros (45 px de hauteur minimum), plus il est accessible (notamment sur mobile où l’interface est tactile). Enfin, comme pour les ancres de liens, le Call To Action (CTA) doit être explicite.

  • Faciliter la compréhension des formulaires. Pour chaque champ, afficher une étiquette. Distinguer les champs obligatoires des champs et optionnels. Concevoir des messages d’erreurs explicites avec exemple.

  • Anticiper au maximum les erreurs. Pour cela, utiliser différentes méthodes telles que : les suggestions, les consignes, la prévisualisation, l’avertissement, le rappel, le retour en arrière, etc.


Les règles d’accessibilité numérique sont la porte d’entrée vers une ambition encore plus noble : l’inclusion de tous. Si les efforts gouvernementaux destinés à éradiquer les exclusions sont louables, ils induisent surtout des principes de respect et d’appréciation des différences, sans préjugés. De cette vision plus universelle découle l’opportunité d’aller plus loin et d’enrichir le travail des concepteurs du secteur numérique vers davantage de qualités des expériences en ligne. Comme le disait le psychologue cognitiviste Don Norman “il ne s’agit plus de fabriquer des produits fonctionnels, compréhensibles et utilisables, il nous faut aussi créer des produits qui apportent de la joie et de l’excitation, du plaisir et du divertissement, et effectivement, de la beauté dans la vie des gens”.

Envie de savoir comment inclure ces millions de personnes dans l’usage de votre service en ligne ? Nous proposons des solutions concrètes visant à améliorer vos interfaces afin de les rendre utilisables par tous, au service de la réussite de vos projets digitaux et omnicanaux ! Parlez-nous de votre projet en remplissant le formulaire et nous vous recontacterons très vite.

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Mathieu Lombard

Mathieu Lombard

Mathieu est Head of UX chez Ferpection. Il est en charge de la recherche utilisateur et de l'expertise UX, et accompagne nos clients grâce à ses analyses et recommandations. Convaincu par la co-création, Mathieu s’est formé au fil des années à différentes techniques de facilitation et de méthode UX tels que les biais cognitifs.

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