Contact client : +33 1 76 42 00 45 [email protected]

August 23, 2023

Pourquoi l’accessibilité numérique est un atout pour votre site internet ?

Et si l’accessibilité numérique ne se résumait pas au contournement des limitations de chacun ? Et si l’on pensait en termes de capacités, plutôt que d’incapacités pour parvenir à un idéal d’inclusivité sur le web ? Handicap physique ou mental, temporaire ou permanent, mais aussi précarité numérique ou illectronisme sont bien plus que des défis à relever ou des manques à pallier. Ils proposent une vision enrichie de l’usager d’outils digitaux, qui mène à une meilleure expérience pour tous ceux qui disposent d’écrans et veulent être connectés. Et ce qui est bon pour LA société est bon pour MA société. Pourquoi ? Parce que l’audience en est significativement élargie, et on parle bien ici de millions de personnes qu’il reste à accueillir dans l’espace virtuel. En collaboration avec l’AFNOR, Ferpection a contribué à l’élaboration d’un guide des bonnes pratiques pour l’inclusion numérique. Ce sujet nous tient à cœur, alors voici pourquoi il est urgent de rendre ses services accessibles à tous.

Accessibilité ou inclusion numérique, usager ou utilisateurs : quelles différences ?

Les nuances de terminologie entre accessibilité numérique et inclusivité, ou bien entre utilisateur et usager ont une raison d’être : elles traduisent la volonté d’approfondir la démarche d’universalité du monde digital.

Qu’est-ce que l’accessibilité ?

Être accessible d’un point de vue technologique, c’est répondre aux normes dictées par la législation qui prône l’égalité des droits et des chances. Cela commande aux acteurs d’Internet, de la téléphonie et de la télévision de proposer des moyens alternatifs de bénéficier de leurs services pour tous ceux qui seraient empêchés d’emprunter une voie classique pour ce faire. Ce serait par exemple la mise en place de commandes vocales sur téléphone, tablette ou ordinateur pour une personne dans l’incapacité d’utiliser ses mains pour quelque raison que ce soit : handicap moteur, charge à porter, distance trop éloignée de l’appareil. Ce pourrait être aussi l’audiodescription de films à la TV pour un individu aveugle ou malvoyant, temporairement ou définitivement. En résumé : l’accessibilité résout surtout des problèmes d’inaccessibilité.

Le concept d’inclusivité

L’inclusion numérique va plus loin que l’accessibilité. Il s’agit surtout de n’exclure personne. Elle requiert la prise en compte, dès le début du projet, de tous les cas de figure existants. Dans le cadre de l’UX research, cela impliquerait par exemple d'accueillir, dans un panel de bêta-testeurs, des représentants de tous âges, tous genres, tous horizons et de toutes conditions physiques. Il s’agit davantage de concevoir un service de sorte qu’il soit à la portée de tous, plutôt que de le façonner d’abord pour un profil d’utilisateur standard et de l’adapter dans un deuxième temps à une population minoritaire. On se base alors sur toutes les capacités disponibles d’un usager pour qu’il puisse se servir des ressources utiles à sa convenance. Ainsi, l’interface d’un site web pourra offrir différents réglages de taille, de contraste, de couleurs, de luminosité, donner des indications sonores ou prendre en compte des instructions vocales. Il pourra être consulté dans une version allégée ou hors ligne pour les zones mal couvertes par des connexions aléatoires, voire inexistantes comme dans le cas des déserts numériques. C’est en étant pluridimensionnel et versatile qu’un service devient réellement incluant, voire innovant.

Un chiffre : 1 internaute sur 3 rencontre des difficultés à utiliser internet de manière autonome, faute d’interfaces adaptées à leurs besoins.

Source : Facil’iti

User, usager, utilisateur

Dans le même souci de pousser la réflexion, la différence entre utilisateur et usager doit être prise en compte, ce dont le terme anglais “user” peut se passer puisqu’il regroupe les deux sens. L’utilisateur manipule les outils qu’on lui propose. L’usager est un consommateur de service digital. Cela implique une expérience plus complète et une vision d’autant plus globale de l’interaction entre une personne et des fonctionnalités qui lui sont utiles.

L’accessibilité selon la loi française

En 1980, la loi ADA (Americans with Disabilities Act) a été promulguée aux États-Unis. Elle protège les Américains contre les discriminations basées sur le handicap. Cette loi a inspiré de nombreux autres pays, dont la France qui a fait de l’accessibilité une obligation légale. La législation a évolué selon divers mouvements nationaux et internationaux :

  • En 2005, la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, dite “loi handicap”, contraint, entre autres, les services publics à rendre tout type d’information accessible à quiconque présenterait une déficience.
  • En 2006, la convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) exige un effort des états membres pour un accès égalitaire aux systèmes et technologies de l’information et de la communication.
  • En 2009, le RGAA (Référentiel Général d’Accessibilité pour les Administrations) est créé et prévoit des sanctions en cas de manquement à ses préconisations.
  • En 2010, l’UE (Union Européenne) lance la European Disability Strategy, c'est-à-dire la stratégie en faveur des droits des personnes handicapées.
  • En 2016, la loi pour une République numérique oblige les administrations à rendre publique leur conformité aux règles d’accessibilité.
  • En 2019, le décret n° 2019-768 enjoint les entreprises privées françaises de plus de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires à fournir des outils d’accessibilité et des contenus web adaptés. Une déclaration de conformité devient obligatoire.


La même année, le RGAA est publié dans sa 4e version et change de nom pour devenir le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité. Il ne concerne donc plus seulement les administrations et intègre :

  • la norme WCAG (Web Content Accessibility Guidelines) du W3C (World Wide Web Consortium) pour une standardisation du web ;
  • la norme européenne TIC (Accessibility Requirements for ICT products and services), qui liste les critères d’accessibilité des produits et services numériques.

Il existe aussi d’autres normes d’accessibilité qui font référence comme AccessiWeb, Opquast ou encore le guide des bonnes pratiques pour l’inclusion numérique de l’AFNOR, cité au début de cet article et élaboré avec la participation de Ferpection.

Et si on parlait d’UX for Good ? Dans la vidéo ci-dessous, Thibault Geenen, CEO et votre humble serviteur Mathieu Lombard expliquent l'intérêt d'allier la recherche de performance UX avec l’écologie, l’inclusivité et l’éthique.



Les avantages de la mise en accessibilité numérique

Mettre le monde virtuel à la portée de tous les citoyens, c’est la promesse d’un avenir plus juste et surtout, plus évolué. Selon l’article L. 114 du CASF (Code de l'Action Sociale et des Familles), le handicap est défini comme : "toute limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant". Mais à l’heure de la dématérialisation massive des organisations qui digitalisent leurs activités, nous pouvons considérer que la participation à la vie en société est également lacunaire pour d’autres types de cas :

  • ceux concernés par l’illectronisme, c’est-à-dire ne maîtrisant pas les compétences nécessaires à l'utilisation et à la création des ressources numériques ;
  • ceux en situation de précarité numérique, soit parce qu’ils sont établis en zones blanches, ces régions mal couvertes par les réseaux, soit parce qu’ils n’ont pas les moyens financiers de s’équiper.

Les chiffres que représentent ces populations sont colossaux. Si l’on imagine que tous ces profils d’individus n’ont pas encore accès à certains services en ligne, le simple fait de développer des solutions pour les aider à pallier ce manque augmenterait massivement votre nombre d’utilisateurs. En France, on compte environ :

  • 12 millions de personnes en situation de handicap (source : OCIRP) ;
  • 650 000 individus présentant un TSA ou trouble du spectre de l’autisme (source : INSERM) ;
  • 6 à 8 % de la population concernée par les troubles DYS (source : OECD) ;
  • 6 % des 15-24 ans et 65 % des 65 ans et plus atteints de surdité (source : INSERM) ;
  • 17 % de la population n’ayant pas accès ou ne sachant pas utiliser les outils numériques (source : INSEE) ;
  • 21,5 % des 16 à 65 ans ayant un niveau de lecture équivalent ou inférieur à celui d’un enfant de 12 ans (source : OECD).

Outre l’approche altruiste, adopter une politique inclusive favorise une croissance significative de l’audience d’un site internet pour deux raisons : un trafic organique plus important par son accessibilité et, de fait, une amélioration du référencement naturel sur les moteurs de recherche. De même, manifester des préoccupations plus humanistes et durables que mercantiles entretient une bonne image de marque, ainsi qu’un impact RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) vertueux. À la clé, les retombées économiques sont inévitablement positives, sans compter que l’inclusion ouvre la voie à l’innovation. De fait, tout ce qui est créé dans l’optique de faciliter la vie de certains mène à un meilleur confort qui profite à tous.

Qu’est-ce qui est accessible d’un point de vue numérique ?

Selon le WCAG, pour rendre plus accessible un service en ligne, il doit répondre aux 4 principes de l’acronyme POUR :

  • Perceivable, c’est-à-dire perceptible par les sens, principalement la vue, l’ouïe et le toucher. Il faut toutefois veiller à ne pas concevoir de contenu susceptible de favoriser une crise d’épilepsie.
  • Operable : autrement dit utilisable. Les éléments interactifs et d’orientation sont fonctionnels avec succès. L'utilisateur dispose de suffisamment de temps pour lire et utiliser le contenu ;
  • Understandable : compréhensible. L’interface vise à faciliter la navigation, rendant l’apprentissage intuitif et minimisant le risque d’erreur de saisie.
  • Robust : robuste, solide. Le concept est fait pour fonctionner avec les technologies appropriées, et est compatible avec les utilisations actuelles et futures.

Pour aller plus loin, l’inclusion numérique doit faire en sorte que chacun puisse participer à la société en disposant de moyens pour utiliser pleinement les outils digitaux, quels que soient sa situation et le domaine de sa vie qui le nécessite. Ces moyens concernent la connexion, le matériel, la technologie, les finances, la formation, etc.

Un produit ou un service est donc inclusif dès lors qu'il est conçu, produit, mais également maintenu, en prenant en compte les besoins d’accessibilité, de confort d’utilisation et d’inclusion de toutes les personnes qui souhaitent en faire usage. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire notre focus sur l’ergonomie d’une application mobile.

L’accessibilité numérique est la porte d’entrée vers une ambition encore plus noble : l’inclusion de tous. Si les efforts gouvernementaux destinés à éradiquer les exclusions sont louables, ils induisent surtout des principes de respect et d’appréciation des différences, sans préjugés. De cette vision plus universelle découle l’opportunité d’aller plus loin et d’enrichir le travail des concepteurs du secteur numérique vers davantage de qualités des expériences en ligne. Comme le disait le psychologue cognitiviste Don Norman “il ne s’agit plus de fabriquer des produits fonctionnels, compréhensibles et utilisables, il nous faut aussi créer des produits qui apportent de la joie et de l’excitation, du plaisir et du divertissement, et effectivement, de la beauté dans la vie des gens”.

Envie de savoir comment inclure ces millions de personnes dans l’usage de votre service en ligne ? Nous proposons des solutions concrètes visant à améliorer vos interfaces afin de les rendre utilisables par tous, au service de la réussite de vos projets digitaux et omnicanaux ! Parlez-nous de votre projet en remplissant le formulaire et nous vous recontacterons très vite.

Tous les articles de la catégorie : | RSS

Mathieu Lombard

Mathieu Lombard

Mathieu est Head of UX chez Ferpection. Il est en charge de la recherche utilisateur et de l'expertise UX, et accompagne nos clients grâce à ses analyses et recommandations. Convaincu par la co-création, Mathieu s’est formé au fil des années à différentes techniques de facilitation et de méthode UX tels que les biais cognitifs.

Vous avez un projet d'étude utilisateurs ? Contactez-nous